Fait à Marseille du 18 au 20 août 2018 par Pierre Borel, Marion Breton, Jeanne Carminati, Steven Chevallier, Joachim Clemence, Frédéric Déotte Beghdali, Andrea Garces, Antoine Hummel, Léa Lanoë, Diane Malatesta, Olivier Nourisson, Grégoire Sourice, Lotti Thiessen et Erica Zingano. 60 pages. 80 exemplaires. 10€ frais de port inclus.
ou : legobistable[at]gmail.com
- J'aime­rais poser la question de la néces­sité d'un mani­feste pour Lego­vil. Est-ce que ce mani­feste pour­rait avoir pour idée direc­trice celle-ci que je vous sou­mets : l'en­semble des notes ency­clo­pé­diques et scienti­fiques dispo­nibles sur internet ont pour voca­tion à deve­nir des poèmes. Ça, c'est ce que nous, nous saurions ; ce que notre mani­feste mani­feste­rait que nous savons. C'est-à-dire : nous aurions saisi et pris la mesure du fait que les bri­co­leurs qui ont fait internet — s'inven­tant un outil pour faire de l'uni­versité un nouveau rap­port social, sortir l'uni­versité de son histoire sépa­rée — ne savaient pas ce que nous saurions, à savoir que l'ensemble des textes qui ont été dif­fusés sur internet peuvent, grâce au copier/coller, devenir des objets sub­vertis en poèmes. Est-ce qu'il s'agit là de ce que nous saurions ?
- Il y a aussi la possi­bi­lité d'un mani­feste qui vien­drait sanc­tionner a poste­riori le con­tenu de Lego­vil selon le prin­cipe de la néces­sité heu­reuse : ce qui est là devait être là ; ce qui devait être là était tout ce qu'on pou­vait faire là. Autre­ment dit, toujours pour tenter d'ex­pli­quer cette notion de néces­sité heu­reuse : en faisant ce que tu peux, tu feras ce que tu dois, et tu auras eu l'impression de faire ce que tu veux. Un mani­feste qui accor­derait les modaux.
- S'il devait y avoir un mani­feste dans Lego­vil, selon moi, il n'aurait abso­lu­ment pas ce con­tenu. Je ne tiens pas pour par­ti­cu­lière­ment inté­res­sante la question de savoir si le texte est déjà là ou s'il faut l'écrire. Le terme absent de ce qui op­pose le texte dispo­nible et le texte créé, c'est la com­po­si­tion. Il y a des choses à com­po­ser avec ce qu'il y a. Il y a toujours quelque chose avant de com­mencer, et parmi ce qu'il y a, il y a effecti­ve­ment des textes, mais il n'y a pas que des textes. Je ne suis pas sûr qu'il faille op­poser ceux qui croient pouvoir faire quelque chose d'utile avec ces docu­ments et ceux qui savent que tout ça ne par­ti­cipe que d'un fond textuel diffus, un fond doxo­lo­gique diffus, quelque chose comme ça… Je ne me mettrais pas en tout cas dans la po­si­tion du beau trans­for­ma­teur de textes utiles ou ver­na­cu­laires. Je pense que c'est une posi­tion erronée.
- Reste, malgré cet accord, le mani­feste. Épouser le mani­feste, ce ne serait pas faire en loucedé de la pri­mauté néces­saire : une expres­sivité sans contrainte ?