16 01 16

La lit­té­ra­ture a aus­si ins­pi­ré la musique dans sa forme. Par exemple, les titres des Märchenbilder (« Images de contes ») pour alto et pia­no opus 113 (1851) et des Märchenerzählungen (Récits de contes) pour cla­ri­nette, alto et pia­no opus 132 de Schumann (1853) sont des réfé­rences expli­cites au Märchen, au conte. La notion de la Märchenerzählung montre que le texte musi­cal raconte à nou­veau ce que le conte dit à sa manière. La musique ne met donc pas en rythme et mélo­die un récit ; elle raconte dans son médium. Elle est récit au car­ré, ou sens au car­ré, et de façon très sin­gu­lière, car elle a besoin de se mul­ti­plier par la lit­té­ra­ture (ici la prose des Grimm). Schumann consi­dère d’ailleurs que la meilleure façon de lire les contes est la lec­ture à haute voix, qu’il pra­tique beau­coup auprès de ses enfants. Schumann a trans­po­sé en musique la « courbe into­na­tive du récit ». La poé­sie (qui hante les proses) devient le modèle de la musique.

Contre un Boileau
Fayard 2015
poésie/musique