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[La ques­tion se pose de savoir pour­quoi Dieu est dit, bien que tou­jours méta­pho­ri­que­ment, doué de vue et d’ouïe, et pas de tou­cher ni de goût.]

La cause en est qu’il est éta­bli dans l’imagination de tous que Dieu ne sau­rait être en contact avec les corps comme l’est un corps avec un autre, puisque [les hommes] ne peuvent le voir ; or, ces deux sens, je veux dire le goût et le tact, ne per­çoivent les objets de leur sen­sa­tion qu’en les tou­chant, tan­dis que la vue, l’ouïe et l’odorat per­çoivent les objets de leur sen­sa­tion, lors même que les corps doués des qua­li­tés [per­cep­tibles] s’en trouvent éloi­gnés ; c’est pour­quoi, selon l’imagination du vul­gaire, il était per­mis [de les attri­buer à Dieu]. Ensuite, en lui attri­buant méta­pho­ri­que­ment ces sens, on avait pour objet et pour but d’indiquer qu’il per­çoit nos actions ; or, l’ouïe et la vue suf­fi­saient pour cela, et je veux dire que c’est au moyen de ces sens que l’on per­çoit tout ce qu’un autre fait ou dit. C’est ain­si que les doc­teurs, dans un ensemble d’exhortations, ont dit, sous forme d’admonition et d’avertissement : « Sache ce qui est au-des­sus de toi, un œil qui voit et une oreille qui entend. »

[Le Juge n’a besoin de tou­cher ni de goû­ter sa créa­ture.]
Le Guide des éga­rés [מורה נבוכים ; دلالة الحائرين 1190]
t. 1
chap. 47
de l’a­rabe par Salomon Munk (1856–1866), nou­velle édi­tion revue et mis à jour sous la dir. de René Lévy, avec la coll. de Maroun Aouad
Verdier 2012
p. 206
dieu goût judaïsme juge jugement maïmonide métaphore odorat ouïe sens théologie toucher vue