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Les êtres vivants ne se dis­tinguent des corps orga­niques que par la pro­prié­té qu’ils ont d’être exci­tés. Les agents de cette exci­ta­tion du corps vivant sont : ou bien a) l’air, les ali­ments, les objets exté­rieurs, le sang et les fluides sécré­tés dans le corps ; ou bien b) cer­taines fonc­tions du corps comme les contrac­tions mus­cu­laires, l’ac­tion céré­brale due aux sen­sa­tions, à la pen­sée, aux pas­sions, etc. Ces divers agents consti­tuent les puis­sances inci­tantes, et la fonc­tion qu’ils mettent en jeu se nomme l’inci­ta­bi­li­té. Quant à l’in­ci­ta­tion, c’est le pro­duit de l’ac­tion des puis­sances inci­tantes sur l’in­ci­ta­bi­li­té. La vie dépend donc de deux fac­teurs : l’un actif et exté­rieur, et l’autre pas­sif et interne ; la mort a deux causes : soit la ces­sa­tion des actions exci­tantes, soit l’ex­tinc­tion de l’in­ci­ta­bi­li­té. La san­té tient à une cor­ré­la­tion telle des inci­tants et de l’in­ci­ta­bi­li­té, que la vie se main­tienne au degré moyen d’éner­gie dont elle est sus­cep­tible. Toutes les mala­dies consistent dans l’ex­cès ou le défaut d’in­ci­ta­tion ; les mala­dies par excès sont sthi­niques, et par défaut d’in­ci­ta­tion, asthé­niques. Tous les pro­blèmes de la thé­ra­peu­tique se réduisent à savoir à pro­pos aug­men­ter ou dimi­nuer l’in­ci­ta­tion. (Ce qui n’est pas sans une cer­taine ana­lo­gie avec la démarche de l’a­cu­punc­ture chi­noise, remar­quons-le.) Brown esti­mait que les mala­dies asthé­niques étaient plus nom­breuses que les mala­dies sthé­niques. Rasori, son dis­ciple ita­lien, esti­ma par la suite que c’é­tait le contraire.

Œuvres com­plètes
vol. 2 Les fragments
Gallimard 1975
p. 67 (n. 1)
résu­mé de la doc­trine de John Brown (1735–1788) par Armel Guerne acupuncture asthénie biologie excitation guerne incitation irritation médecine romantisme allemand santé sthénie thérapeutique thérapie