Ces mondes de légende étaient crus vrais, en ce sens qu’on n’en dou­tait pas, mais on n’y croyait pas comme on croit aux réa­li­tés qui nous entourent. Pour le peuple des fidèles, les vies de mar­tyrs rem­plies de mer­veilleux se situaient dans un pas­sé sans âge, dont on savait seule­ment qu’il était anté­rieur, exté­rieur et hété­ro­gène au temps actuel.
[…] [Pour les Grecs], le monde mythique n’é­tait pas empi­rique : il était noble. Ce n’est pas à dire qu’il ait incar­né ou sym­bo­li­sé les « valeurs » : on ne voit pas que les géné­ra­tions héroïques aient davan­tage culti­vé les ver­tus que les hommes d’au­jourd’­hui ; mais elles avaient plus de « valeur » que ceux-ci : un héros est plus qu’un homme, de même qu’aux yeux de Proust une duchesse a plus de valeur qu’une bour­geoise.

Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?
Seuil 1983
anhistorique bourgeoisie croyance dupeté empirisme Grèce Antique héros hétérogénéité hétéronomie histoire légende merveilleux mythe noblesse valeur Veyne

In die­sen Formulierungen kün­det sich eine cha­rak­te­ris­tische Tendenz des heroisch-völ­ki­schen Realismus an : die Depravierung der Geschichte zu einem nur zeit­li­chen Geschehen, in dem alle Gestaltungen der Zeit unter­wor­fen und deshalb »min­der­wer­tig« sind. Eine solche Entgeschichtlichung fin­det sich allen­thal­ben in der orga­ni­zis­ti­schen Theorie : als die Entwertung der Zeit gegenü­ber dem Räume, als die Erhöhung des Statischen über das Dynamische, des Konservativen über das Revolutionäre, als die Ablehnung aller Dialektik, als Preis der Tradition um der Tradition willen. Niemals ist die Geschichte weni­ger ernst genom­men wor­den als jetzt, wo sie primär auf die Erhaltung und Pflege des Erbes aus­ge­rich­tet wird, wo Revolutionen als »Nebengeräusche«, als »Störungen« der Naturgesetze gel­ten und wo natu­rhaf­ten Kräften des »Blutes« und des »Bodens« die Entscheidung über Menschenglück und Menschenwürde aus­ge­lie­fert wird. In sol­cher Entgeschichtlichung des Geschichtlichen verrät sich eine Theorie, die das Interesse an der Stabilisierung einer vor der ges­chicht­li­chen Situation nicht mehr zu recht­fer­ti­gen­den Form der Lebensverhältnisse aus­drückt. Das wirk­liche Ernstnehmen der Geschichte könnte all­zu sehr an die Entstehung die­ser Form erin­nern und an die Möglichkeiten ihrer Veränderung, die sich aus ihrer Entstehungsgeschichte erge­ben – kurz : an ihre Vergänglichkeit und daran, daß »die Stunde ihrer Geburt… die Stunde ihres Todes ist« (Hegel). Sie wird ideo­lo­gisch vere­wigt, indem sie als »natür­liche Lebensordnung« in Anspruch genom­men wird.

« Der Kampf gegen den Liberalismus in der tota­litä­ren Staatsauffassung »
vol. 3
Zeitschrift für Sozialforschung n° 2
1934
p. 161–195
lien

Ce que la phi­lo­so­phie trans­cen­dan­tale louait dans la sub­jec­ti­vi­té créa­trice, c’é­tait le sujet pri­son­nier de lui-même et qui se le cachait. Dans tout ce qu’il pense d’ob­jec­tif, il reste pri­son­nier, comme les ani­maux le sont de la cara­pace dont ils cherchent en vain à se débar­ras­ser ; sauf que ceux-ci n’ont pas idée de pro­cla­mer que leur pri­son est liber­té.

« Sujet et objet »
Modèles cri­tiques : Interventions [1969]
Marc Jimenez & Eliane Kaufholz
Payot 1984
adorno animal carapace modèles critiques prison subjectivité sujet/objet

La convic­tion géné­ra­le­ment répan­due selon laquelle les inner­va­tions, les points de vue, les connais­sances ne sont que « sub­jec­tives », ne tient plus dès qu’on per­çoit la sub­jec­ti­vi­té comme une forme de l’ob­jet. L’apparence c’est l’en­sor­cel­le­ment du sujet dans ses propres déter­mi­na­tions, le fait qu’il est posé comme être authen­tique. Il importe d’a­me­ner le sujet lui-même à l’ob­jec­ti­vi­té, et non pas d’ex­clure ses réac­tions de la connais­sance.

« Sujet et objet »
Modèles cri­tiques : Interventions [1969]
Marc Jimenez & Eliane Kaufholz
Payot 1984
adorno modèles critiques opinion subjectivité sujet/objet

C’est ain­si que la réduc­tion ad homi­nem entraîne la chute de l’an­thro­po­cen­trisme. Le fait que même l’homme tel qu’il est consti­tué st quelque chose de fait par l’homme, démys­ti­fie le carac­tère créa­teur de l’es­prit. Mais comme la pri­mau­té de l’ob­jet a besoin de la réflexion sur le sujet et de la réflexion sub­jec­tive, la sub­jec­ti­vi­té, elle, à la dif­fé­rence du maté­ria­lisme pri­mi­tif qui n’ad­met pas la dia­lec­tique, devient le moment qu’on a rete­nu.

« Sujet et objet »
Modèles cri­tiques : Interventions
Marc Jimenez & Eliane Kaufholz
Payot 1984
adorno anthropocentrisme démystification dialectique modèles critiques objectivité subjectivité sujet/objet