La vérité, je le pense, n’est connue que par celui qu’elle concerne, s’il veut en faire part, il devient automatiquement un menteur. Tout ce qui est communiqué ne peut être autre chose qu’altération et falsification, on n’a donc jamais communiqué que des choses altérées et falsifiées. La volonté d’être véridique est, comme tout autre chemin, le plus rapide pour fausser et falsifier une situation. Coucher sur le papier une époque, une période de la vie et de l’existence, peu importe son éloignement dans le passé, peu importe sa longueur ou sa brièveté, c’est agglomérer des centaines, des milliers, des millions…
Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs, Il n’y a rien à célébrer, rien à condamner, rien à dénoncer, mais il y a beaucoup de choses dérisoires ; tout est dérisoire quand on songe à la mort. On traverse l’existence, affecté, inaffecté, on entre en scène et on la quitte, tout est interchangeable, plus ou moins bien rôdé au grand magasin d’accessoires qu’est l’État : erreur ! Ce qu’on voit : un peuple qui ne se doute de rien, un beau pays – des pères morts ou consciencieusement dénués de conscience, des gens dans la simplicité et la bassesse, la pauvreté de leurs besoins… Rien que des…
En hiver, je me dis le printemps va me sauver, et au printemps je me dis l’été va me sauver, et en été je me dis l’automne, et en automne l’hiver, c’est toujours la même chose, d’une saison à l’autre j’espère. Mais c’est naturellement une qualité malheureuse, cette qualité m’est innée, je ne dis pas comme c’est bien, c’est l’hiver, l’hiver est tout juste fait pour toi, comme je ne dis pas le printemps, il est tout juste fait pour toi, comme l’automne, il est tout juste fait pour toi, l’été et ainsi de suite. Je reporte toujours mon malheur…
Ce n’est pas aussi absurde que cela semble à première vue quand je dis que le monde doit ses guerres les plus atroces au prétendu amour des bêtes de ses dirigeants. Tout cela est confirmé par des documents et il faudrait qu’on s’en rende compte une bonne fois. Ces gens, les politiciens, les dictateurs, sont gouvernés par un chien et ainsi précipitent des millions d’êtres humains dans le malheur et dans la ruine, ils aiment un chien et déclenchent une guerre dans laquelle des millions de gens sont tués à cause de ce seul chien. Qu’on se demande seulement quel…
Un ami, je n’avais jamais voulu en avoir depuis mes vingt ans, où tout à coup je me suis mis à penser par moi-même. Les seuls amis que j’aie sont les morts qui m’ont légué leur littérature, je n’en ai pas d’autres. D’ailleurs, il m’a toujours été difficile rien que d’avoir quelqu’un, alors je ne songe même pas à un mot aussi galvaudé par tout le monde et aussi peu appétissant que le mot d’amitié. Et déjà, très tôt, par périodes je n’ai absolument eu personne, tout le monde avait quelqu’un, moi je n’avais personne, au moins je savais que…
Mais j’ai toujours eu le sens de ce qu’il faut ou ne faut pas publier, bien que j’aie toujours pensé que publier est une pure folie, sinon même un crime de l’esprit, mieux encore, un crime capital contre l’esprit. Oui, nous ne publions que pour satisfaire notre désir de gloire, pour nulle autre raison, quand ce n’est pas pour la raison encore beaucoup plus vile de l’argent, qui, toutefois, vu les conditions dans lesquelles je suis né, peut être écartée en ce qui me concerne, Dieu merci ! […] Toute publication est une bêtise et une preuve de médiocrité. Faire paraître…
Je m’étais d’ailleurs toujours préoccupé fort peu de l’opinion publique, parce que j’avais toujours le plus grand mal avec ma propre opinion et n’avais donc aucun temps à consacrer à l’opinion publique, je ne l’acceptais pas et aujourd’hui encore je ne l’accepte pas et je ne l’accepterai jamais. Cela m’intéresse, ce que les gens disent, mais avant toute chose, il ne faut pas les prendre au sérieux. C’est comme ça que j’avance le mieux. Thomas Bernhard Béton Gilberte Lambrichs Gallimard 1985 Beton, 1982 fr…
Les desserts ont toujours été ton fort Veau boeuf porc finissaient toujours en catastrophe rôtie et panée La mère ne savait pas faire la cuisine elle détestait la cuisine Mais comme en attendant tu as cuisiné RITTER Elle ne l’a que re-cuisiné VOSS ce que tu as re-cuisiné c’est loin d’être mauvais Thomas Bernhard, Déjeuner chez Wittgenstein Thomas Bernhard Déjeuner chez Wittgenstein Michel Nebenzahl L’arche 1989 Ritter, Dene, Voss, 1984 fr…
Nos petits déjeuners rien n’a changé depuis vingt ans depuis trente ans rien nous tartinons depuis trente ans la même chose sur le même pain et nous buvons le même thé en plus tu ne trouves pas que nous devrions nous suicider uniquement à cause de se fait Thomas Bernhard Déjeuner chez Wittgenstein Michel Nebenzahl L’arche 1989 Ritter, Dene, Voss, 1984 fr…
je suis l’incommode je suis celle qui énerve je ne sais même pas faire la cuisine même recuisiner je ne sais pas le faire Thomas Bernhard Déjeuner chez Wittgenstein Michel Nebenzahl L’arche 1989 Ritter, Dene, Voss, 1984 fr…
et ensuite le chantage norvégien la cabane en rondins soi-disant projet contre lui-même Fétichisme des toilettes d’été il me l’a jeté à la figure Thomas Bernhard Déjeuner chez Wittgenstein Michel Nebenzahl L’arche 1989 Ritter, Dene, Voss, 1984 fr…