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Un humain hors pair dit son supérieur

Un supé­rieur est appe­lé à témoi­gner lors du pro­cès d’un de ses subor­don­nés.

lapresse.ca, 11 août 2020

Un subor­don­né attend de ses supé­rieurs de l’autorité, du res­pect, des ins­truc­tions claires en amont des opé­ra­tions et pen­dant, et un sou­tien sans faille au cours de l’instruction. Témoin d’une pro­cé­dure, le ser­gent super­vi­seur – qui a conquis son grade en fai­sant la preuve régu­lière de son dis­cer­ne­ment – vient plai­der, sans failles, l’humanité de son subor­don­né.

Rappeler de l’agent l’humanité – quan­ti­ta­tive : appar­te­nance à l’es­pèce ; et qua­li­ta­tive : sol­li­ci­tude (de gros et de détail) pour l’es­pèce –, c’est ten­ter de por­ter les débats hors de l’agentivité en tant que telle, pour les faire péné­trer la com­po­si­tion d’une âme sin­gu­lière. Gagner l’attention du juge à la sin­gu­la­ri­té de cette âme, c’est faire un pas déci­sif vers l’acquittement de cet agent.

Du haut de la super­vi­sion, la vue est impre­nable sur les qua­li­tés humaines de la quan­ti­té subal­terne. L’autorité qui, en temps nor­mal, est – sur­tout dans les métiers de corps – agence supé­rieure (puis­sance de mettre en mou­ve­ment les agences infé­rieures), est, par temps judi­ciaire, vision supé­rieure (puis­sance de péné­tra­tion du secret des âmes).

Le ser­gent super­vi­seur observe, depuis sa super­vi­sion, la quan­ti­té des pairs humains, s’arme du cri­tère « huma­ni­té », ven­tile cette mul­ti­tude et dis­tingue : un humain excellent per­çant sous l’uniforme, un humain insigne brillant sous l’insigne. On dira : au plan de l’humanité – déter­mi­nant de masse et fac­teur de dis­tinc­tion – en voi­là un qui sort du lot. Ou : chez ce poli­cier, on trouve non sim­ple­ment une quan­ti­té d’humanité sans égale par­mi ses pairs poli­ciers, mais aus­si une qua­li­té d’humanité sans com­mune mesure avec ce qui a cours dans la masse humaine.

Le subal­terne excelle en huma­ni­té qua­li­fiée. Il dépasse d’elle mais sans excès : il affleure au niveau de l’exemple sans man­quer de faire saillir sa sin­gu­la­ri­té. À cet égard, l’apologie du super­vi­seur paraît ris­quée ; dans un métier de corps, « hors pair » pour­rait tra­hir une vel­léi­té de l’agent à se dis­tin­guer, non pas au sein du corps, mais tout bon­ne­ment du corps. C’est ce débor­de­ment pas­sion­nel, cet excès héroïque, qu’il faut évi­ter de faire entre­voir dans la plai­doi­rie. Ce n’est donc pas, dans le super­vi­sé, le poli­cier qui sera pré­di­qué « hors pair » ; c’est le sujet « humain » – au sens de sen­sible et sou­ve­rain cer­tai­ne­ment.

La men­tion de l’« humain hors pair » inter­vient dans une série lau­da­tive (syn­thèse de la défense de main­te­nant « deux super­vi­seurs »), qu’il faut res­ti­tuer :

La série lau­da­tive des super­vi­seurs. Il ne nous est pas par­ve­nu de ver­sion inté­grale.

Intègre Critère impor­tant pour un métier de corps. Le pas­sage du sens maté­riel du mot « corps » (cor­pus chris­ti) à un sens sym­bo­lique (cor­pus Ecclesiae, cor­pus iuris) mani­feste une concep­tion ana­lo­gique du sacré sous la caté­go­rie de l’intégrité : toute alté­ra­tion par­tielle, tout défaut local d’intégrité, toute défaillance d’un membre menace de déman­tè­le­ment le corps tout entier. Mais à l’échelle de l’apologie indi­vi­duelle de l’agent accu­sé, « intègre » signi­fie autre chose : l’intégrité garan­tit que la fonc­tion et le corps cohèrent, qu’il n’y a pas d’extériorité de la morale au métier, de l’uniforme à l’humain. Le métier n’est pas un acci­dent de l’humain ; celui-là consti­tue celui-ci. (C’est pour­quoi un flic prend per­son­nel­le­ment – et mal – que tout le monde déteste la police.)

Empathique Au pre­mier abord, « empa­thique » sug­gère une dis­po­si­tion de l’agent – pas tout à fait évan­gé­lique (l’agent n’est pas dit « com­pa­tis­sant » ; il ne se dis­pose pas à souf­frir de concert avec le monde) – à inté­grer affec­ti­ve­ment la souf­france d’autrui. Qu’il l’intègre n’implique pas néces­sai­re­ment qu’il la par­tage : si on peut appré­cier de l’agent qu’il excède affec­ti­ve­ment la fonc­tion, il ne doit jamais effec­ti­ve­ment l’excéder. En ce sens, l’empathie n’a pas de conte­nu moral à pro­pre­ment par­ler : inté­grer la souf­france sans excé­der la fonc­tion, c’est sim­ple­ment se mon­trer capable d’admettre qu’un coup de taser est pénible, en ver­tu d’une iden­ti­fi­ca­tion cog­ni­tive, seuil bas de l’Einfühlung dra­ma­tique (« ça doit faire mal », donc, plu­tôt que « ça pour­rait être moi »). (Un flic est tou­jours d’abord en empa­thie avec l’ordre ; il sait occa­sion­nel­le­ment entrer en empa­thie avec le peuple ordi­naire et ran­gé, vic­time de l’insécurité – les fameux « veuve et orphe­lin » de l’Ancien Testament et du code che­va­le­resque.) Mais un fait expli­cite, bru­tal, ras­soit qui vou­drait suivre un peu trop loin le phi­lo­lo­gème : en milieu poli­cier, l’empathie est moins déon­to­lo­gi­que­ment pré­ten­due qu’elle n’est uti­li­sée comme tech­nique d’interrogatoire.

Mon colo­nel explique l’usage de l’empathie en inter­ro­ga­toire – une approche sug­gé­rée par la méthode qué­bé­coise PROGREAI (Processus géné­ral de recueil des entre­tiens, audi­tions et inter­ro­ga­toires).

(Image vue dans Les bai­se­tioles de Manuel Joseph)

Dévoué, fiable Principe d’a­mour ver­ti­cal, la « dévo­tion » entraîne avec elle toute une pelote de ver­tus dont la mesure est théo­lo­gique : zèle (seque­la Christi), humi­li­té (imi­ta­tio Christi), abné­ga­tion (confor­ma­tio Christi). « Dévoué » n’est à cet égard qu’un rap­pel de la néces­saire pié­té subal­terne de l’agent. Que celle-ci se dise « dévo­tion » plu­tôt que « dis­ci­pline » est un rap­pel du carac­tère voca­tion­nel du ser­vice. En retour, le subal­terne est décla­ré digne de foi – un atout non négli­geable devant le juge. Le rap­port est tran­sac­tion­nel (do ut des) : il y a com­mu­nau­té d’in­té­rêt dans le fait de se décla­rer l’un l’autre, bien qu’en deux sens dis­tincts, dignes de foi. Cette com­pli­ci­té hié­rar­chique ne signi­fie pas néces­sai­re­ment une co-par­ti­ci­pa­tion dans le crime (conta­gio sce­le­rum) ; c’est peut-être la marque de ce qu’en régime cor­po­ra­tif, la com­mu­nau­té d’intérêt est aus­si une com­mu­nau­té d’esprit, et qu’en domaine ver­ti­ca­la­mou­reux, la fidé­li­té tient d’a­bord au pieu res­pect de la filia­tion spi­ri­tuelle.

Respectueux, poli Je connais cette chan­son. « Il était res­pec­tueux, dis­cret et poli. Il aidait à mon­ter les pous­settes et cad­dies. » Je connais cette chan­son : c’est l’antienne des voi­sins stu­pé­faits du ter­ro, du pédo, du psy­cho. Comment croire qu’un tel homme ait com­mis ? Cet agent qui, lors de ses inter­pel­la­tions, vou­voyait, cet agent qu’on n’a jamais enten­du deman­der qui est le patron, cet agent qui ne sem­blait pas spé­cia­le­ment jouir à remar­quer qu’on, la tête écra­sée sous un genou, fai­sait moins le malin main­te­nant, un tel agent ne sau­rait com­mettre. Il doit y avoir erreur. Il y en a une, effec­ti­ve­ment – par omis­sion : un flic n’est res­pec­tueux que dans la mesure où il tient en res­pect.

Enjoué Le cœur léger. Pas du genre tor­tu­ré. La joie, Monsieur le Juge. La joie, le sen­ti­ment des simples, des inno­cents.

Dans Aufsätze über den Faschismus, Brecht pro­pose, en vis-à-vis, la retrans­crip­tion lit­té­rale de l’allocution du repré­sen­tant hes­sois du Führer à l’occasion du réveillon de Noël 1934 (« Wörtliche Wiedergabe der Wiederherstellung der Rede ») et la « véri­té res­ti­tuée » de ces paroles (« Wiederherstellung der Wahrheit »). Par exemple, quand le repré­sen­tant dit des « patriotes » qu’ils sont « tou­jours prêts à ser­vir [hilf­sbe­reit] », il signi­fie en véri­té qu’ils sont « tou­jours prêts [bereit] à pas­ser pour les ser­vi­teurs [als Helfende zu erschei­nen] de ceux qu’ils main­tiennent dans la misère ». (La Hilfsbereitschaft est un des termes de la tra­duc­tion, explo­sée en alle­mand, de la cari­tas latine).

Toujours prêt à aider son pro­chain Retour de la réfé­rence reli­gieuse, qui éta­blit un plan hori­zon­tal où toutes et tous ont une valeur égale sur l’indice escha­to­lo­gique. Dans un monde de hié­rar­chies et de dif­fé­rences qua­li­ta­tives, presque onto­lo­giques, demeure ce plan cha­ri­table où les « pro­chains » ont le même prix. La dis­po­ni­bi­li­té poli­cière appa­raît ici comme l’étalon, la devise, la mesure de la toute humaine dis­po­si­tion à ser­vir, à aider.

Les œuvres escha­to­lo­giques de la police natio­nale (ère post-13.11.2015).

Remarquable L’énumération s’essouffle. Ou bas­cule. « Remarquable », signi­fiant creux habi­tuel­le­ment réser­vé aux com­pli­ments pro­to­co­laires, semble avoir ici une fonc­tion de pivot ; on passe, après lui, des qua­li­tés affec­tives aux qua­li­tés cog­ni­tives (« humain » étant le deuxième terme de cette tran­si­tion).

Humain hors pair Le voi­là ; et comme l’énumération est sur­tout tis­sée d’adjectifs, « humain » s’entend d’abord comme adjec­tif aus­si. Mais cette com­pré­hen­sion est immé­dia­te­ment démen­tie, puisque un qua­li­fi­ca­tif suit (« hors pair ») – ce qui fait d’« humain » le seul sub­stan­tif de la série lau­da­tive. Au titre d’unique sub­stance, on peut pen­ser qu’humain est le sup­port d’attribution de tous les qua­li­fi­ca­tifs pré­cé­dents et sui­vants. La série ain­si res­tau­rée don­ne­rait :

humain intègre, humain empa­thique, humain dévoué, humain fiable, humain res­pec­tueux, humain poli, humain enjoué, humain tou­jours prêt à aider son pro­chain, humain remar­quable, humain hors pair […] humain intel­li­gent, humain réflé­chi, humain édu­qué, humain arti­cu­lé

Le jour même de son entrée en cam­pagne pour les pri­maires démo­crates (31.01.2007), Joe Biden a décla­ré à pro­pos de Barack Obama : « Et là comme par magie sur­git le pre­mier Afro-amé­ri­cain consen­suel, un type arti­cu­lé, brillant et propre sur lui, et pas vilain en plus… Je veux dire… C’est trop beau pour être vrai, vous ne trou­vez pas ? » Dans Articulate while Black (Oxford, 2012), Hesham Samy Alim et Geneva Smitherman notent la dimen­sion raciste de cer­tains usages du mot arti­cu­late, notam­ment lorsque, s’offrant comme com­pli­ment à un indi­vi­du, il sous-entend que l’inverse pré­vaut dans la « caté­go­rie » à laquelle celui-ci appar­tient.

Intelligent, réflé­chi, édu­qué, arti­cu­lé Une triade un brin redon­dante, dont on sent qu’elle cherche à poser son hon­nête homme, est com­plé­tée par un terme, énig­ma­tique pour un Français : « arti­cu­lé ». Assez cou­rant en qué­bé­cois, il semble avoir été emprun­té à l’anglais des États-Unis (arti­cu­late), contre l’a­vis des ban­quiers de dépan­nage lin­guis­tique locaux. Le Collins dit :

If you des­cribe someone as arti­cu­late, you mean that they are able to express their thoughts and ideas easi­ly and well. (Lorsqu’on dit de quelqu’un qu’il est arti­cu­lé, on signi­fie que cette per­sonne est capable d’exprimer ses pen­sées et ses idées avec aisance et clar­té.)

Impossible, en lisant un tel mot et sa défi­ni­tion, de ne pas pen­ser à ce qui a long­temps ser­vi à dis­tin­guer l’homme de la bête : la capa­ci­té à émettre des sons arti­cu­lés. (On peut aus­si pen­ser à la digni­té anthro­po­lo­gique de la sta­tion debout et du pouce pré­hen­seur, conçus par la vul­gate évo­lu­tion­niste comme une sorte de pointe du raf­fi­ne­ment arti­cu­laire.) La diver­si­té des usages gla­nés sur Google semble témoi­gner de la sur­re­pré­sen­ta­tion du terme dans des contextes (déci­sion d’embauche, acte de consom­ma­tion, site de ren­contres, choix divers) qui offrent d’exer­cer un droit sou­ve­rain à dis­cri­mi­ner :

Je me disais que peut-être quelqu’un se dirait que j’avais l’air de quelqu’un d’articulé et qu’on m’offrirait un emploi pour me don­ner une chance. (lien) Je suis un homme arti­cu­lé, res­pon­sable, qui aime, Dieu, la famille, les amis et la vie. (lien) Moi, je suis quelqu’un d’articulé, mais ima­gi­nez quelqu’un qui ne connaît pas bien la fis­ca­li­té. (lien) J’adore quand quelqu’un d’articulé et com­pé­tent dans son domaine lui met les points sur les i et les barres sur les t. (lien) Ça per­met à l’au­teur d’a­van­cer ses idées, ou, au mini­mum, de se faire pas­ser pour un intel­lec­tuel, une per­sonne arti­cu­lée – c’est très fran­çais, en fait. (lien) Vous êtes une per­sonne arti­cu­lée, bour­rée de talents, superbe pré­sen­ta­tion. Bravo. (lien) Le requé­rant est une per­sonne arti­cu­lée qui a bien livré son témoi­gnage à l’audience. (lien) Pour assu­mer le rôle de célé­brant lors de votre mariage, vous choi­sis­sez un membre auto­ri­sé de votre reli­gion ; vous cher­chez aus­si quelqu’un d’articulé et à l’aise devant un public. (lien) Notre fran­chise de maga­sin de chaus­sures a besoin d’une per­sonne arti­cu­lée et bien infor­mée pour assu­mer le rôle de direc­teur adjoint. (lien) Je sou­haite ren­con­trer une femme entre 45 et 75 ans, une per­sonne arti­cu­lée sans excès de poids. (lien) Nous recher­chons avant tout une per­sonne arti­cu­lée, ayant beau­coup d’entregent et étant en excel­lente forme phy­sique. (Les tâches vont de l’entretien du che­nil à l’entraînement des chiens.) (lien) La rési­dence de garage du camp de pri­son­niers de guerre de Nys, com­po­sée de nylon de haute qua­li­té, com­porte de mul­tiples facettes à l’ouest de l’ouest, ain­si coque iphone chiante qu’une légende de la plus haute légende de Zelda, une per­sonne arti­cu­lée mélan­gée avec. (La famille à faire avec Bill Macumber, qui avait été construit à la récep­tion dans une pri­son déce­vante, a applau­di ses pas comme une affaire gra­tuite. Il est tom­bé 37 fois au péni­ten­cier.) (lien)

Le ser­gent super­vi­seur conclut sa louange en mobi­li­sant ce qui a contri­bué à faire de lui un super­vi­seur, son esprit de syn­thèse : l’agent incri­mi­né est « le type de poli­cier et de per­sonne que tout super­vi­seur sou­hai­te­rait avoir dans ses rangs ». Cruel retour de la typo­lo­gie après la célé­bra­tion de la sin­gu­la­ri­té. Cette ten­sion se trou­vait déjà, à y bien regar­der, au cœur de la série lau­da­tive : pour bien défendre le super­vi­sé, il faut sou­te­nir l’exception (« hors pair », « remar­quable »), en même temps qu’il faut insis­ter sur la médié­té ver­tueuse de cet homme exem­plaire (« réflé­chi », « édu­qué », « res­pec­tueux »).

Christophe Tarkos, un jeune homme radi­ca­li­sé avant Internet, avait une tout autre concep­tion que les com­men­ta­teurs du monde.fr de la guerre à mener. Il écrit dans un de ses car­nets (sans titre, cou­ver­ture illus­trée d’un monu­ment aux morts de Compiègne et d’un paquet de ciga­rettes Lucky Strike) : « Comment édu­quer la jeu­nesse pour qu’elle se venge des flics ? Je ne sais pas. Il fau­drait des clubs anti-flics à la base qui s’organisent en une hié­rar­chie puis­sante et non détec­tée bien sûr par les rats. Un flic mort est-il un bon flic ? Je ne crois pas, car il a été flic. On ne sup­pose pas qu’il ne fait des bêtises ; il a déjà fait des bêtises ayant été flic. »

De quoi cette vacilla­tion de l’apologie est-elle le signe ? Peut-être sim­ple­ment du carac­tère contra­rié de la voca­tion flique, inca­pable de récon­ci­lier dans l’« humain » le héros hors limites et l’agent dans le rang. L’argument géné­ral du super­vi­seur – celui d’une émi­nente huma­ni­té – tente une syn­thèse du « type » et de l’« hors pair », du modèle et de son débord, dans l’i­dée sau­gre­nue qu’illustrent des for­mules ambiantes comme : un cœur qui bat sous l’uniforme, voire : une tête qui pense sous le képi – for­mules qu’on lit sou­vent dans les com­men­taires des lec­teurs de lemonde.fr. De telles for­mules pour­raient presque sem­bler aimables (huma­nistes, comme on dit) si elles ne fai­saient pas – dans cet espace où la dis­tinc­tion se dis­pute, où la médié­té se fait extrême-centre, où des hon­nê­tommes se délectent encore de leur vieille iro­nie de cour – corps avec d’autres, qui ne cessent de pro­non­cer à l’égard d’un genre de « pro­chains » une Obligation de Quitter le Territoire Humain : dans la France « ensau­va­gée », la « guerre civile » en cours oppose des-êtres-humains-avant-tout (qu’on recon­naît à l’u­ni­forme) et la masse – pati­bu­laire, enté­né­brée, sour­noise, émé­chée, déloyale, duplice, dis­si­mu­la­trice, péri­phé­rique, rôdéo­deuse, noi­réa­rabe – de ceux-qui-l’ont-bien-cher­ché-après-tout.

« L’humain s’efface trop sou­vent der­rière l’uniforme. » (Alliance Police Nationale maga­zine, n°299, décembre 2017)