17 09 16

Ce mouvement s’appelle l’émotte

C’est pen­dant le béchage que le jeune reçoit sa pre­mière édu­ca­tion, car dès ce moment la mère et ses oisillons conversent et l’on dit alors des jeunes qu’ils chantent en coquilles. Le jeune sort tout mouillé de sa coquille et pen­dant vingt-quatre heures reste sous la mère pour se sécher. C’est la période du séchage. Le jeune non encore adulte s’ap­pelle aus­si pouillard.

La per­drix piète quand elle fuit à pied sans voler, mais si elle vole au ras du sol, on dit qu’elle rase.
Lorsqu’une poule per­drix qui a pon­du voit ses œufs détruits ou dis­pa­rus par un fait quel­conque, elle recom­mence une autre ponte et cela s’ap­pelle un reco­que­tage. Quand les per­dreaux suivent leurs parents sans pou­voir encore voler, ils sont à la traîne. Si la per­drix se cache der­rière une motte de terre, cette action s’ap­pelle s’a­mot­ter.

La femelle appelle le mâle par son chant spé­cial et on lui donne à ce moment le nom de chan­te­relle, en disant d’elle qu’elle rap­pelle. D’une per­drix accou­plée, on dit qu’elle est adouée.

(Cynégétique de la per­drix par un expert en agri­cul­ture (chasse, gibier) près les tri­bu­naux.)

Savoir par qui on est chas­sé, et com­ment, passe peut-être par débus­quer dans la langue des assi­gna­tions poli­tiques ces indi­ca­tifs cyné­gé­tiques qui natu­ra­lisent les formes de vie, en déter­minent les rythmes, en scandent l’exis­tence par la dis­cré­ti­sa­tion des actions et des atti­tudes, n’en consi­dèrent que ce qui a trait à la crois­sance ou la repro­duc­tion : on dit de lui qu’il chante en coquille, on dit d’elle qu’elle est à la traîne ; c’est la période du séchage ; on dira d’eux qu’ils ont adoués ; on fera remar­quer que celui-ci rase tan­dis que celle-là reco­quette.

L’opération par laquelle un lexique emprun­té aux patois se conserve intact et s’entretient comme langue de cour (à la fois d’expertise et de conni­vence) est à mettre en regard de celle par laquelle la langue tri­bu­nale, inepte à dia­lec­ti­ser, trouve à s’affermir mira­cu­leu­se­ment dans l’égrènement des faits et le sen­ten­cieux des sen­tences.

Le mono­pole du feu seul offre aux chas­seurs une vue flat­teuse sur un monde ran­gé comme un dio­ra­ma, tenu en res­pect dans ce genre de léga­li­té orga­nique qui fait les his­toires natu­relles, avec leurs misé­rables taxons : « agri­cul­ture (chasse, gibier) ».

Quand les petits s’é­co­quillent seuls, on dit qu’ils cassent. Quand ils cessent de se cacher pour sur­gir en nombre des mottes, ce mou­ve­ment s’ap­pelle l’é­motte.

 

vignette parue dans la revue Hex et dif­fu­sée sous forme de tract